J’attendais impatiemment la neige pour mon bébé nouveau, j’attendais désespérément la neige dans mon pays chaud. J’attendais la neige et elle est venue, la neige, au tout petit matin, pour la fille de l’hiver, la petite fille qui devrait clore, demain, les quatre saisons de ma vie.
Ou comment j’ai eu une grosse frayeur vendredi…
12 février 2010
9h45
Il neige. Les bus ont été annulés. Mademoiselle Commandante a été emmenée jusqu’au Collège par le voisin dont la fille est scolarisée également là-bas. Mon Légionnaire est parti très tôt. Qui sait s’il est parvenu à Big City…
Je finis de changer le Grognard et le téléphone (fixe) sonne. Il a déjà sonné mystérieusement à 7h15 ce matin et je n’ai pas eu le temps de décrocher avant que la sonnerie ne cesse. Aucune info n’a été laissée sur le répondeur.
Cette fois, je me précipite en manquant de chuter sur le carrelage, le Grognard le pantalon encore sur les chevilles sur l’air d’Alouette, gentille Alouette qui résonne dans tout le Q.G. depuis ¾ d’heure parce que le Grognard en est fan.
Je décroche. J’ai reçu un SMS du numéro untel :
Appelle vite un médecin !
Le temps s’étira lentement sur un camp enneigé et désert. Aucun tank ne passa, pas même celui de la factrice (feignasse !). Derrière les rideaux, déchirés par un chat sauvage rentré opportunément au Q.G. il y a quelques années, nous contemplâmes les champs blancs, le puits glacé. Mademoiselle Commandante, inquiète pour son départ mardi en classe de neige, pleura, défaitiste (ici, si la météo annonce la potentialité de trois flocons, tout est paralysé). Le Grognard excité cria « A neige ! A neige ! », perspicace. Mon Légionnaire et moi sortîmes ensuite sur le terrain prendre quelques clichés, frigorifiés. Conceptuels, les clichés.
La Mère Joie 