Vivre un drame enceinte

Quand un membre de la famille va mal, c’est toute la famille qui va mal. Quand l’un retient ses larmes après de mauvaises nouvelles, en passant comme un fantôme le visage rouge , c’est toi qui les verses doucement au milieu de la nuit sans pouvoir te contenir.

Tu traînes ton gros bidon issu d’une énergie sexuelle qui cherchait à être plus forte que la mort. Eros, pulsion de vie. Tu n’avais pas pensé qu’elle prendrait corps dans ton corps. Tu essaies que cet enfant soit l’avenir sans compenser la perte d’un passé, la perte d’un être cher.

Chaque jour davantage tu te sens impuissante face à la douleur des tiens à mesure que celle-ci grandit. « Oui, tu es là. », t’a-t-il répondu hier soir quand tu lui as demandé dans l’intimité silencieuse si tu pouvais faire quelque chose pour lui. Tu ne t’étais même pas rendu compte que tu avais posé une question fermée.

Mais tu es seule avec toi-même et tes remords, incapable de t’adresser directement à ceux qui sont en première ligne de la souffrance parce que tout cela est trop lourd pour toi. Tu ne sais pas quoi leur dire, tu ne veux peut-être pas entendre de leur bouche. Et cette affreuse distance qui rompt le lien…

Tu sais pourtant d’expérience qu’on ne reconnaît pas les gens qui nous aiment dans le malheur. On reconnaît seulement ceux aptes à gérer de telles situations. Toi, tu es en apprentissage. C’est dur et tu fais de ton mieux. Tu t’en veux quand même car tu ne te sens pas à la hauteur.

Tu dois aussi préparer tes enfants, les accompagner et trouver la meilleure option, le compromis le plus juste en prenant en compte le désir et les possibilités psychologiques actuelles de chacun.

Ton beau-père va bientôt mourir.

 

PS : Stp, pas de « bon courage » et tout ça, j’aime pas, ça me met franchement très mal à l’aise. Parle-moi de toi plutôt. Le partage du vécu est ce qui me soutient le plus.

 

Edit :

Je voulais vous remercier pour vos interventions et surtout d’avoir respecté mon choix de ne pas recevoir de compassion affichée. Je la ressens suffisamment en chacune de vous, pas la peine de me la montrer doublement avec des mots maladroits.

Ce billet, il parle de ma relation à la maladie et plus particulièrement à la mort qui s’approche, sentiment étrange alors que je porte la vie.
Il ne traite pas de ce qui a été et est le plus difficile actuellement dans la situation pour nous tous par respect pour mes proches.

J’hésite toujours à écrire sur le sujet :
1. Ce n’est pas le but initial du blog.
2. Je tiens à préserver les miens et leurs sentiments. Je pense notamment à mon Légionnaire. Je ne crois pas qu’il aimerait que je développe ; je ne pense pas non plus qu’il soit contre le fait que je puisse m’exprimer sur quelque chose d’universel, à savoir le cancer et la mort.

Mais j’ai besoin de formuler pour dépasser, j’ai besoin d’en parler pour avancer sinon je suis incapable de produire et je sais que vous pouvez m’aider par votre écoute via la lecture et vos témoignages.
De plus, je refuse que la maladie, la mort soient des tabous. Ils font partie intégrante de la vie des hommes. Si je me tais ici, qui est mon espace personnel, où trouverai-je la force d’en parler de la façon dont je le souhaite ?
J’essaie que mes états d’âme ne prennent pas le pas sur le ton de mon blog parce que ce blog génère quelques profits et je trouverais ça malsain de gagner de l’argent sur mes malheurs.
Seulement, je suis humaine et ici on raconte des histoires vraies. Des histoires sincères, qu’elles soient humoristiques et soient prétextes à l’écriture. Je partage mon vécu avec vous, je travaille mon écrit et je laisse une trace des évènements.

S’exposer comme je l’ai fait ce matin, ni courageusement ni lâchement non plus, ça demande dans mon cas également une réflexion sur le support utilisé, c’est-à-dire ce blog, sur les conséquences possibles de ce que je dis publiquement mais anonymement, sur la gestion de l’humain déchiffrant mes phrases et qui ne me connaît pas, qui peut projeter par exemple ses propres sentiments sur les miens, sur les interactions entre vie privée et vie fantasmée « artistique » dans un cadre semi-professionnel.

66 commentaires sur « Vivre un drame enceinte »

  1. J’ai perdu un être cher moins d’une semaine avant la naissance de Finette. C’était assez inattendu (pas une maladie, c’est ce que je veux dire). Pas vraiment le temps d’encaisser le choc que pof, Finette était là. J’ai donc par la force des choses été obligée de concentrer toute mon énergie sur mon bébé… je crois que c’est une illustration parfaite de l’expression « la vie plus forte que la mort ».

    J’aime

  2. J’ai perdu mon beau père d’un cancer, hereusement (j’ose le dire, vu comme certains peuvent trainer et devenir plus durs que la mort elle meme, selon moi) rapide, en juin dernier.

    J’ai cru qu’on attendais de moi que je sois forte, plus que les autres. Parce que ce n’était ni mon père, ni mon mari. Mon beau père avait pourtant été mon second père, quelqu’un je j’appréciais, que j’aimais même, qu’elqu’un que je respectais profondemment et que j’estimais.

    J’ai beaucoup géré, autant que j’ai pu, parce que distance géographique aussi. Je suis celle qui a tenté de donner une explications aux touts petits de toute la famille pendant que les grands cherchaient à se cacher pour pleurer.

    Je suis celle qui a pris la place de mon mari aux cotés de sa mère pendant la crémation. Le moment étant trop dur pour le chéwi.

    Je suis celle qui a envoyé chier certaines personnes tout haut, alors que tout le monde le pensait tout bas. Quand on dit à ta belle mere « il faut y aller, les « invités » attendent qu’on aille manger » au sortir de l’église, il faut que quelqu’un réagisse.

    Et en fin de compte je suis celle qui a pleuré les nuits, en cachette. Et celle que ma belle mère a réconforté en sortant du crématorium, parce que j’ai craqué, au moment où les autres se « calmaient »…..

    Pas de conseil, sauf peut etre que c’est légitime que toi aussi tu aies de la peine. Et ça je ne l’avais pas compris, moi.

    J’aime

  3. Mes deux mamies sont mortes d’un cancer, j’ai pu aller leur dire un dernier au revoir avant qu’elles soient inconscientes et c’est ça qui m’a consolée. Mon frêre au contraire n’a jamais voulu les voir à l’hopital pour ne pas garder une image « triste » d’elles.
    Tous les enfants réagissent différemment mais l’idée de perdre un proche est moins dure pour moi que de le voir souffrir sans espoir de guérison.
    Des bises

    J’aime

  4. J’étais enceinte de 3 mois qd mon beau-frère s’est suicidé, laissant 3 enfants (17, 15 et 12 ans), j’ai laissé ma grossesse de côté pdt qques semaines afin de m’occuper de mes neveux, expliquer à mon aîné le pourquoi du comment, gérer mes propres émotions et ma colère, soutenir mon mari très affecté, le tout exacerbé par les hormones de grossesse… et puis gérer les remarques (souvent bienveillantes) des autres: tu es enceinte, ménage-toi – après la mort, voilà que tu portes la vie… Il est vrai qu’en 18 mois, on a eu 3 décès dans la famille proche et que la naissance de mon petit dernier il y a 2 semaines a « clôturé » une période difficile…

    J’aime

  5. Je reviens parce que je me rappelle d’un autre souvenir.
    Ma grand mère était malade, mais c’était noël et on voulait le fêter dignement, le dernier avec elle. Tout le monde profitait, on ne parlait pas de la maladie, mais il y en avait un qui pleurait tout seul dans la cuisine : mon papa. C’était sa belle mère pourtant, et il était le seul à ne pas pouvoir faire semblant.

    J’aime

  6. Ta phrase « On ne juge pas ceux qui nous aiment à leur capacité à nous soutenir dans le malheur », elle me touche beaucoup.
    Je me sens maladroite et gauche à accompagner ceux que j’aime quand ils souffrent…

    La seule expérience que je peux te donner, c’est l’épreuve qu’a traversé ma fille quand j’ai perdu mon grand-père.
    Il avait 81 ans, une vie bien chargée et pas forcément heureuse, je n’étais pas triste qu’il parte, le chagrin a vite laissé place au soulagement, pour lui.
    Mais ma fille, qui avait 7 ans à l’époque, n’a pas compris ça du tout.

    Elle a été ravagée par le chagrin, elle adorait son Pépé, et vieux ou jeune, elle n’a pas compris en quoi c’était une « bonne chose » qu’il parte, même s’il était très malade et qu’il souffrait beaucoup.
    J’ai dû rectifier mes mots et ceux de ma mère.
    Accepter son chagrin, ses larmes, son grand malheur.

    Un enfant perd un être aimé, malade, vieux, jeune, éloigné ou proche, il perd quelqu’un qu’il aime et il est confronté à sa propre peur de mourir, quelque chose qu’il ne comprend pas, qu’il refuse avec révolte.

    Je n’ai pas les clés, je ne pense pas avoir accompagné correctement ma fille dans cette épreuve. Elle me parle encore de son pépé, souvent, et je l’écoute.
    Elle a besoin qu’il soit encore présent, alors j’acquiesse quand elle me dit qu’il est devenu une étoile et qu’il nous regarde de là haut.
    Je me réjouis avec elle qu’il ait retrouvé sa maman à lui, là-haut.
    Je sèche ses larmes quand il lui manque trop…

    Je suis désolée de ce qui arrive à ta famille…
    Le décès d’un proche, surtout d’un parent, lorsqu’on est enceinte est très difficile à vivre.
    Mon père est mort en avril dernier, j’étais enceinte de 7 mois. Même si je n’étais pas proche de lui, ça a été un moment difficile…

    Je ne sais pas quoi faire pour t’aider à aller mieux. Alors je vais me taire, mais saches que mes pensées vous accompagnent.

    J’aime

  7. On a découvert le cancer de mon père pendant la grossesse de mon premier… J’ai gérer comme j’ai pu cette mort annoncée en parallèle de cette vie à venir…
    Il n’y a pas de recette miracle, juste la peine et le bonheur qui avancent ensemble, et se rencontrent parfois… Il est parti le jour des 2 mois de mon fils… pile poil.
    15 jours avant, quand il a été hospitalisé pour « la fin » comme on dit, je me suis couchée les seins pleins de lait. Le lendemain matin, j’étais vide… Plus rien à donner à mon petit, sauf de lait maternisé en bib…
    Le premier vrai sourire de mon fils, il a été pour Lui, les yeux dans les yeux… le cadeau de l’avenir au passé…
    Je suis athée, mais j’ai le sentiment qu’Il veille sur mon grand depuis son départ… C’est une conviction.
    Prends soin de toi. Je t’embrasse très fort.
    Frimousse

    J’aime

  8. A chacune de mes grossesses, j’ ai perdu un etre cher. Un oncle cette année en Octobre, auquel je n’ ai meme pas du dire au revoir car j’ etais immobilisée, et pour l’ empereur, ma grand mere cherie. Elle aura su que j’ etais enceinte, aura touché mon ventre et sera restée persuadé jusqu’ au la fin que j’ attendais une petite fille se prénommant Charlotte.

    J’aime

  9. Quelques réflexions en vrac…
    Dans mon cas, je crois que le fait d’être enceinte me rend comme aveugle à la mort…
    Le grand-père de mon mari va bientôt mourir. Les médecins lui ont donné jusqu’à la fin du mois de janvier… en gros, la même deadline que mon gynéco pour la naissance de la miss (ça fait bizarre). Mais mes réactions (et finalement celles de mon mari) sont assez « distantes », parce qu’il a 92 ans, souffre depuis longtemps, et qu’une voix en moi me dit « c’est dans l’ordre des choses » (et puis aussi et surtout parce qu’on n’est pas très proches, il a « découvert » son petit-fils quand celui-ci avait +20 ans…). Je suis triste pour ma belle-mère (c’est son père) qui elle, morfle, très attachée (lien pas sain d’ailleurs) à son père et en plein déni de réalité (il est en soins palliatifs et elle croit qu’il peut se remettre). Nous préparons les 2 enfants les plus grands (5 et 7 ans), et quand ce sera le moment, ils iront à l’enterrement, parce que j’ai remarqué que ça aide les enfants à apprivoiser la mort, et ça aide aussi beaucoup ceux qui souffrent parce que la vie continue.

    Par contre, plus près de moi, le mari de ma cousine vient de se découvrir une tumeur cancéreuse. A 35 ans. Une fois le choc de la nouvelle passée, je me suis rendue compte que je n’arrivais pas à envisager le pire. Comme si le fait de porter la vie en moi renforçait cette tendance naturelle hyper-optimiste que j’ai de croire que ça va s’arranger. Donc dans le cas de mon cousin par alliance, c’est viscéralement ancré en moi : il va guérir. Je n’ai pas un neurone qui accepte d’envisager autre chose. Pas possible.

    Début 2009 j’ai perdu ma grand-mère. On avait appris juste avant Noël qu’il ne lui restait plus que 3 mois à vivre. Je me souviens de la nuit où ça m’a été annoncé, j’ai fait des cauchemars toute la nuit, sur ma propre mort et le néant (c’est ce qui m’avait le plus frappée, cette brusque découverte du « Rien », alors que je pensais vaguement avoir une croyance sur l’après), la terreur de ne pas voir grandir mes enfants… et la douleur de perdre une grand-mère qui avait bcp compté. Mon mari était là, il ne savait pas quoi dire, et ça tombe bien, parce qu’on n’a pas forcément envie de s’entendre dire des trucs. Juste d’être pris dans les bras. Ce qu’il a fait.
    On avait emmené ma fille (5 ans à l’époque) à l’enterrement, je me souviens de sa perplexité devant tous ces adultes qui pleurent, mais son immense compréhension finalement de ce qui se passe (vu qu’elle a commenté toute la journée, minute par minute), et ce qu’elle nous a apporté, à tous, une fois la mise en terre passée : sa joie de vivre, tout simplement.

    Début 2010, j’ai perdu la promesse d’un bébé (7 semaines). Finalement, c’est la perte que j’ai eu le plus de mal à surmonter. Porter la vie protège de la mort (dans mon cas), mais quand c’est cette vie espérée qui disparaît… (je précise que même si ça arrive souvent, je me suis trouvée plus que désarmée devant la chose, après 3 enfants, ne l’ayant jamais imaginé). Je n’ai pas eu de soutien de mon mari, il était dans sa bulle (oublier, le plus vite possible)… est-ce que parce que nous étions touchés tous les 2 ? (à la différence de ma grand-mère ou c’était plutôt moi ?) Peut-être aussi parce que sa façon à lui de se guérir est de s’isoler, quand la mienne est de parler, parler, parler… il ne voulait pas qu’on en parle et j’en avais + que besoin. Ce sont des collègues proches au boulot qui m’ont permis de passer ce cap, en m’écoutant, et en ne « sachant pas quoi dire » (ce qui était pour moi mille fois mieux que n’importe quel message de « ça va s’arranger »).

    J’aime

  10. j’ai l’impression, peut-être fausse, que dans ce cas là on se sent compris seulement par ceux qui ont déjà traversé ça ou connu ça…en tous cas c’est comme ça que j’ai ressenti certaines choses dans ma vie….

    je rebondis sur ton petit bout de phrase « être à la hauteur »…il faudrait toujours être forte, quelque soit les situations dans la vie ? est-ce vraiment cela que celui qui souffre attend de toi? n’est-ce pas plutôt être là, ne pas forcer à la parole mais être là, disponible, ouvert pour accueillir la parole quand dire fait du bien ?

    J’aime

  11. Ton histoire résonne en moi de plusieurs façons. Déjà mon beau-père est mort d’un cancer également (enfin c’est ce qu’on pense car il a caché sa maladie à tout le monde et ne s’est pas fait soigner), et j’ai découvert que j’étais enceinte de Pouss1 peu après. C’était particulier car je n’étais pas très proche de lui (un homme très secret donc), il avait des problèmes qui rejaillissaient sur toute la famille et puis ça a été très soudain. En juillet il était à notre mariage, comme si de rien n’était, à la rentrée on l’a trouvé pas très en forme et mi-septembre il est mort chez lui, ma BM nous a appelés en panique. En tant que pièce rapportée tu es dans une situation particulière, je crois qu’on est là aussi pour décharger comme on peut la famille des trucs pragmatiques et un peu relous auxquels on n’a aucune envie de penser dans ces moments-là : appeler les pompes funèbres, aider à la préparation de la cérémonie, de la réception qui suit, prévenir les gens etc. Bref faire un peu le tampon avec l’extérieur. Mais comme dit juju ne pas oublier non plus ton propre chagrin, qui est légitime.
    Sinon ma grande-tante est morte il y a plusieurs années d’un cancer, nous étions très proches (comme une grand-mère pour moi). La fin a été longue et douloureuse, j’étais en partie soulagée que sa souffrance s’arrête enfin (et bien sûr triste qu’elle nous quitte). Ce qui est magnifique c’est qu’elle a pu vivre ses derniers instants chez elles, entourée par ses proches (nous étions 6 ou 7 je crois) qui se relayaient à son chevet pour l’aider à lâcher et à partir. Je crois que ça a été très puissant pour nous comme pour elle. Pouvoir accompagner dignement les derniers moments d’un proche c’est précieux. Et pour ma part, j’ai finalement été un peu blessée de recevoir peu de marques de sympathie « officielle » lors du deuil, ma mère a reçu x cartes, appels, mails et moi j’ai juste eu un appel d’une cousine pour me dire ses condoléances, ça m’a beaucoup touchée. Donc là encore peut-être peux-tu encourager les amis et proches de ton Légionnaire à se manifester, même par quelques mots. De la même façon c’est important je crois de reconnaître la peine et le chagrin des enfants, de leur dire qu’on est désolé pour eux. J’espère aussi que tes proches ne t’oublieront pas.
    Voilà pour mon expérience, tu ne gardes bien sûr que ce qui te paraît pertinent ou utile.

    J’aime

  12. Attendre la mort alors que l’on porte la vie, que ça doit être difficile à gérer. Si je peux me permettre, en t’empêche pas d’être heureuse malgré les circonstances, ne mets pas ta joie d’attendre ce bébé en sourdine. Au contraire, profite de cette vie qui grandit et continue à faire ce que tu fais : être là. Mille baisers et le traditionnel « slurp ».

    J’aime

  13. Ma culture fait que je crois au « une naissance, un décès ». Ca a toujours été le cas autour de moi, mon père a perdu son meilleur ami et mon presque tonton d’un cancer deux jours avant la naissance de mon fils. Il me l’a caché.
    La Fève arrive en avril et la grand-mère de mon mari accuse des signes alarmant d’une vieillesse trop longue, d’une vie si fatigante qu’elle n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle « sent » aussi qu’il ne lui reste plus beaucoup de temps et parle de ce bébé en disant « j’espère que je la verrai ». Elle a élevé Monsieur Nanou et je n’ose penser à ce qui arrivera si elle nous quitte. On s’y prépare mais est-on vraiment prêt un jour ?
    Je trouve qu’il a tout dit dans ces quelques mots « tu es là ». ca n’apporte rien au schmilblick que d’évoquer quelque chose qui n’est pas arrivé, mais voilà…
    Bises

    J’aime

  14. J’ai appris que mon Papa avait la maladie d’Alzheimer enceinte de 7 mois… j’ai pleuré et encore pleuré pendant des jours jusqu’à ce que je me demande quel effet ce chagrin pouvait avoir sur mon bébé… Alors je me suis reprise en main, j’ai « organisée » ma tristesse : puisque les bébés sentent tout et comprennent tout, je lui ai parlé expliqué que sa maman était triste, que son papy ne serait pas un papy comme les autres… mais qu’il fallait l’aimer plus que tout malgré sa différence…
    Pas facile comme tu dis de vivre ces tristes évènements familiaux avec son gros bidon…
    C’est vraiment une coincidence car mon billet du jour porte justement là-dessus…
    Plein de bises

    J’aime

  15. Je comprends tellement… J’ai perdu une de mes tantes d’un AVC alors que j’étais enceinte de 3 mois avec l’interdiction de bouger. Je ne me suis pas autorisée à vivre ma douleur pour préserver ce petit être à l’intérieur qui ressentait toutes mes émotions. Mon deuil n’est toujours pas fait, plus d’un an plus tard, surtout que je n’ai pas eu le droit de me rendre aux obsèques.

    Le pire, c’est de se dire secrètement « une vie qui vient… à la place d’une autre ».

    J’aime

  16. Je n’ai jamais eu ni beau-père (à part le repris de justice que Mère avait épousé l’année de mes 8 ans) ni alien dans le ventre 🙂

    J’espère que mon témoignage au pu t’aider Sophie Davant, et bon courage quand même, merde.

    Pour une fois que je me reconnecte à l’internet mondial il faut que la mère la joie fasse défaut à son pseudo, si c’est pas chafouin cette histoire!

    J’aime

  17. Mon beau-père est décédé il y a bientôt 9 ans, 1 semaine pile après notre mariage … J’étais jeune, je n’avais aucune expérience avec la mort, je n’ai pas su comment gérer cette situation, comme toi, j’ai simplement su être là par ma présence.

    La seule chose que j’ai trouvé à faire a été d’offrir un agrandissement encadré d’une photo où mon homme serrait son papa dans ses bras.
    Et même si je ne suis pas fan des maisons galerie de photos (si ma meilleure amie me lisait, elle se dirait certainement que je n’aime pas sa montée d’escalier), cette photo est toujours là, bien en vu.

    Ton beau-père a connu ses petits enfants et il sait qu’un autre est entrain de grandir en toi. C’est déjà beau.
    Mon beau-père ou la meilleure amie de ma maman n’ont pas eu le temps de connaître un seul de leurs petits enfants…

    Si tu as besoin de parler, n’hésites pas, je suis là.

    J’aime

  18. Mes deux grands-pères sont morts à une semaine d’intervalle, alors que nous étions en voyage de noces en Equateur. J’ai appris leur décès dans les mails envoyés par mes parents, et bien-sûr je n’ai pas pu me rendre à leur enterrement. Je me revois encore, devant cet écran, au cyber-café, mes larmes silencieuses roulant sur mes joues, et la sollicitude de mon voisin d’ordinateur, équatorien, qui s’inquiétait et avec qui j’ai laborieusement échangé quelques mots en espagnol, m’avait touchée ! « On ne juge pas ceux qui nous aiment à leur capacité à nous soutenir dans le malheur » effectivement, et d’ailleurs ce jour là, ces quelques mots venus spontanément de la part d’un inconnu m’ont aidée, peut-être même davantage que la sollicitude de mon mari.

    Et à notre retour j’ai su que j’étais déjà enceinte, la joie venant alors se mêler à la peine de savoir que ces grands-pères ne connaîtraient pas ce bébé…
    Mais MissC les « connaît » sur les photos, nous lui en parlons.

    Par la suite, à mon retour dans la région, je me suis rendue au cimetière, sur leurs tombes, j’en avais besoin, de matérialiser leur absence, d’un temps de recueillement. Je crois que les rituels autour de la mort sont très importants pour ça.

    D’ailleurs, lorsque ma grand-mère est décédée l’an dernier, j’ai été heureuse de pouvoir la voir au funérarium, elle était belle, presque souriante, comme apaisée, j’ai vécu son enterrement comme une cérémonie d’adieu, cela n’enlève pas bien-sûr le chagrin mais cela aide à l’accepter.
    J’ai emmené MissC (18 mois à l’époque) avec moi, parce que personne ne pouvait me la garder et puis parce que ça m’a semblé plus naturel, plus sain, de ne pas lui cacher les choses et de lui expliquer ce qui me rendait triste. Je pense que les enfants, quel que soit leur âge, ont besoin d’être entendus dans leur chagrin bien-sûr et d’entendre la réalité des choses, d’avoir des explications sur ce qui se passe, comment ça va se passer… plutôt que de rester sur des non-dits pour les ménager. Apprivoiser la mort, ça fait aussi partie de la vie.

    J’aime

  19. Mon ventre était vide quand ma mère est morte.
    A cette époque je savais déjà qu’il resterait aride et stérile à jamais dorénavant.
    J’ai beaucoup regretté de ne plus pouvoir faire encore un enfant à ce moment là.
    Une fille bien sur. 🙂
    Mine de rien un bébé à venir c’est un magnifique cadeau de l’ amour de la vie.
    Faire le deuil de ma mère a été un long processus où j’étais très seule, les mots d’apaisement …après une longue maladie bla bla….n’aident pas.
    Mais j’aimais plus que jamais la compagnie de mon mari, qu’il soit juste là,
    et qu’il ne râle pas (trop 😉 quand je fichais plein de mascara sur sa chemise en pleurant sur son épaule.
    Il m’a laissé faire le deuil à ma façon, sans essayer de me consoler avec des mots inutiles, et c’est ce qui me convenait. A titre personnel, émotionnel, affectif, au sein de mon couple tout ça, j’ai beaucoup appris à cette époque et nos liens en sont ressortis très forts et très apaisés paradoxalement.

    Ma hantise par contre c’est quand lui perdra un des ses parents serais-je à la hauteur de ses attentes ?
    Comme il est écrit on est tous malheureux chacun à notre façon.

    Je t’embrasse

    J’aime

  20. Vivre un drame enceinte: connais pas. mais vivre des drames, ça oui. Contrairement à toi, ces drames sont toujours arrivés brutalement (une rupture d’anévrisme, un accident, un suicide sont des événements qui te tombent sur la gueule , sans que tu y sois préparé le moins du monde). Alors quoi faire avant, comment préparer des enfants je ne sais pas. Il y a des livres (je me souviens d’un « Au revoir Blaireau » collection les belles histoires qui avaient bien fait parler mes enfants).
    Ce que j’ai toujours trouvé débile et nocif c’est d’essayer de protéger les enfants de la douleur en cachant la sienne. Primo parce que les enfants sont des éponges à sentiments, donc ta douleur, ils la sentent de toutes façon. Ensuite parce qu’ils ont besoin d’extérioriser leurs propres sentiments et qu’on doit les encourager à le faire. En paroles et par l’exemple. Sinon c’est « fais ce que je dis mais pas ce que je fais » et ça ne marche pas. Et tertio parce que la douleur, la maladie, la mort et tous ce dont on veut les protéger font partie de la vie, c’est inévitable. Et penser qu’on peut les faire vivre dans un monde sans chagrin ni douleur est non seulement complètement con mais aussi mensonger.

    J’aime

  21. Mon beau père est mort, un mois avant la naissance de Grand Mec N°1, il était si fier d’avoir bientôt un petit fils.
    Il avait préparé un tonneau de fruits pour faire du schnaps à l’occasion de cette naissance. Le tonneau est toujours à la cave chez mon beau frère, en l’état, depuis 18 ans. Personne n’a encore eu le courage d’en faire quelque chose.
    Le père de N°1 se retrouvait orphelin (maman morte d’un cancer 8 ans avant) au moment d’être père … Pas simple …. Et nous n’avons jamais pu en parler.

    J’aime

  22. Ma fille est née il y a deux mois, nous devions être en famille pour Noël…
    Mais à l’approche de la fête, mes parents ont annoncé qu’ils divorçaient, ma cousine s’est réveillée auprès de son ami, froid, éteint, elle n’a rien pu faire.
    Je vois ma mère souffrir et pleurer chaque jour du désamour de mon père, ma cousine souffrir de culpabilité et du manque.
    Je m’occupe de mes jeunes soeurs qui souffrent de cette famille qui se brise, de ce Noël si triste.
    Et une fois seule, je pleure. Je parle à ma fille et lui explique pourquoi sa maman est triste. Et une fois calmée, je tente de profiter de ses sourires, de son odeur : elle est là, nous sommes trois et mon mari me serre dans ses bras.

    Sois là et ne cachez pas votre peine. Une peine partagée dans une étreinte vaut mieux que deux peines qui se taisent.

    La meilleure amie de ma maman est morte, après un long cancer, le lendemain de mon mariage. Son mari m’a appelé pour me dire qu’elle avait pu voir des photos du mariage, qu’elle était profondément heureuse pour moi. Ses enfants qui sont des amis très chers m’ont dit que ma joie les avait réconforté dans leur peine.
    Cette naissance à venir va peut-être aider les vôtres à tenir.

    J’aime

  23. J’ai pas d’expérience en la matière… les gens qui sont morts autour de moi quand j’étais enceinte n’étaient pas aussi proches.
    Quand à aider ton conjoint dans cette douloureuse épreuve, j’avoue que c’est quelque chose que j’appréhende énormement avec le mien… rien qu’en ce qui concerne ses grands-parents. A 37 ans il a encore ses 4 grands-parents et n’a jamais connu de morts dans son proche entourage…

    Le cancer c’est un grosse saloperie qui a enmené pas mal de monde autour de moi… et j’en ai une peur atroce.

    J’aime

  24. Ta grossesse et cette maladie ne sont pas des événements croisés, mais parallèles, qui ne se rencontrent que par un hasard de calendrier. Chacun de ces événements a son propre chemin à parcourir, sa propre issue à trouver.

    Etre là, c’est déjà énorme, et je sais qu’il le sait. Partager le chagrin se fait parfois silencieusement. On n’a pas toujours besoin de mots pour dire l’indicible. Pourquoi l’un devrait-il être fort pour l’autre, quand pleurer ensemble est tout ce que vous pouvez faire?

    J’aime

  25. Je ne sais pas quoi te dire. Parce que je suis incapable de gérer la peine (celle des autres et la mienne). Et en plus ça me fait peur. Une peur telle que je n’arrive absolument pas à passer « par dessus ». Ce trait de mon caractère fait que dans une situation telle, ensuite je ne peux avoir que des remors car je m’en veux de ne pas être parvenue à « gérer ». Et c’est terrible.

    J’aime

  26. je pense ne pas exagérer si je dis qu’une des plus belles expériences a été d’accompagner ma grand-mère sur son chemin vers son départ. et, avec le recul, quand je revois son regard (car elle ne parlait plus), je sais que ce dont elle avait besoin c’était d’amour. c’est vrai, j’ai eu la chance de me trouver dans la même ville au « bon » moment. j’ai pu ainsi vivre mes émotions avec elle. je peux presque dire que c’est un bon souvenir, de qqch d’abouti, d’achevé, d’accompli, qui a du sens pour moi.
    la peur de perdre et la peur de notre propre disparition vient parasiter cet élan d’amour qui existe en nous et qui ne demande qu’à être expulsé au-dehors, transmis à cet autre être qui a peur aussi.
    je dirais: n’ayez pas peur de dire que vous avez mal, que vous avez peur, que vous êtes triste (à vos enfants surtout qui sentent tout et s’inquiètent du gap entre discours et comportement), les émotions ne contaminent pas, elles libèrent celui qui les exprime et celui qui les entend.
    tout doit être vécu, le plein comme le vide, le joyeux comme le douloureux, avec authenticité, courage et confiance.

    J’aime

  27. Une amie à moi a perdu sa mère (que je connaissais) d’un cancer un mois avant d’accoucher il y a deux ans. Elle s’en est beaucoup voulu d’avoir mis entre parenthèses sa grossesse quasi à terme pour accompagner sa mère dans la mort. Elle n’a pas souhaité allaiter sa fille car elle ne se sentait pas capable d’assumer cette « charge » étant elle-même si fragile… J’ai été vraiment triste pour elle et le suis aussi pour toi. Cela doit être dur de gérer des sentiments si contradictoires + la douleur de son alter ego.

    J’aime

  28. J’ai perdu mon arrière grand mère à laquelle je tenais le plus au monde lorsque j’étais enceinte de JUles (mon premier)… à 6 mois de grossesse… ce fut une épreuve terrible… je me suis accrochée à ce bébé…comme j’ai pu ! mon grand regret qu’elle n’est pas connu mon bébé…

    J’aime

  29. enceinte de Fiston, nous avons perdu 4 proches.
    ça a été dur, surtout que comme j’étais enceinte, on a voulu me « protéger » en évitant de trop m’en parler.
    finalement, j’ai détesté à ces moments être enceinte parce que je portais la vie et qu’on m’interdisait de vivre ma tristesse parce que fallait penser à ce bébé.
    on vit les choses différemment enceinte. alors oui, il faut se protéger, pour nous, notre bébé mais il faut aussi savoir s’écouter et pleurer si on en a besoin.

    J’aime

  30. C’est important d’en parler en effet, c’est un sujet délicat. Lors de ma première grossesse, j’ai vécu deux morts. D’abord, celle de mon grand-père que j’aime tant (je ne parle pas au passé parce que je l’aime toujours autant). Un jour, alors que j’étais venue le voir à l’hôpital, je lui ai dit « tu as vu je t’amène ta future arrière-petite-fille ! » mais il a pris peur et m’a répondu qu’il ne fallait pas l’amener ici… Cette phrase m’a beaucoup troublée, je dois dire. Puis il est mort et je regrette tellement qu’il n’ait pas connu ma blondinette et qu’elle ne puisse jamais le connaître…
    Quelques mois plus tard, un de nos amis est mort, il avait notre âge. Il est resté une semaine dans le coma, nous avons tant prié, tant pleuré. Puis il est mort. A cette époque, je sentais déjà ma fille bouger, j’étais assez fatiguée et c’était particulièrement difficile. Porter la vie et essayer d’accepter la mort.
    Je m’en voulais de faire vivre tout ça à mon bébé, si petit dans mon ventre. Mais on m’a rassurée en me disant que cela fait partie aussi de la vie, ce que nous aurons de toute façon à vivre.
    Mais si on pouvait éviter de vivre ça quand on est enceinte, ce serait pas mal… Ou alors, ça aide de porter la vie. Je ne sais pas…

    J’aime

  31. Comme je comprends tes mots, il y a une semaine je faisais un test de grossesse qui s’est révélé positif et le lendemain ma mère mourrait.
    Je ne supporte pas non plus les personnes qui me souhaitent du courage, je ne veux pas de ces mots « c’est mieux ainsi, elle ne souffrira plus », ce que je veux c’est qu’on me parle d’autres choses, je veux des ragots, des jolies choses ou des moches mais je ne veux pas de compassion parce que le compassion ça m’emmerde.

    J’aime

  32. Je reviens réagir sur le « il ne faut pas pleurer, être triste en étant enceinte » (je résume). Je ne suis pas d’accord. Je n’ai jamais été aussi malheureuse que pendant ma première grossesse. Je n’ai jamais autant pleuré, désespéré, jusqu’à souhaiter une fausse couche, pour avoir le droit moi aussi d’en finir. J’ai eu un bébé en pleine santé, avec une humeur aussi jolie qu’elle.
    Je pense plutôt que refouler est plus néfaste que laisser couler ses larmes quand il le faut. Mais c’est mon expérience à moi.

    J’aime

  33. Je voulais vous remercier pour vos interventions et surtout d’avoir respecté mon choix de ne pas recevoir de compassion affichée. Je la ressens suffisamment en chacune de vous, pas la peine de me la montrer doublement avec des mots maladroits.

    Ce billet, il parle de ma relation à la maladie et plus particulièrement à la mort qui s’approche, sentiment étrange alors que je porte la vie.
    Il ne traite pas de ce qui a été et est le plus difficile actuellement dans la situation pour nous tous par respect pour mes proches.

    J’hésite toujours à écrire sur le sujet :
    1. Ce n’est pas le but initial du blog.
    2. Je tiens à préserver les miens et leurs sentiments. Je pense notamment à mon Légionnaire. Je ne crois pas qu’il aimerait que je développe ; je ne pense pas non plus qu’il soit contre le fait que je puisse m’exprimer sur quelque chose d’universel, à savoir le cancer et la mort.

    Mais j’ai besoin de formuler pour dépasser, j’ai besoin d’en parler pour avancer sinon je suis incapable de produire et je sais que vous pouvez m’aider par votre écoute via la lecture et vos témoignages.
    De plus, je refuse que la maladie, la mort soient des tabous. Ils font partie intégrante de la vie des hommes. Si je me tais ici, qui est mon espace personnel, où trouverai-je la force d’en parler de la façon dont je le souhaite ?
    J’essaie que mes états d’âme ne prennent pas le pas sur le ton de mon blog parce que ce blog génère quelques profits et je trouverais ça malsain de gagner de l’argent sur mes malheurs.
    Seulement, je suis humaine et ici on raconte des histoires vraies. Des histoires sincères, qu’elles soient humoristiques et soient prétextes à l’écriture. Je partage mon vécu avec vous, je travaille mon écrit et je laisse une trace des évènements.

    S’exposer comme je l’ai fait ce matin, ni courageusement ni lâchement non plus, ça demande dans mon cas également une réflexion sur le support utilisé, c’est-à-dire ce blog, sur les conséquences possibles de ce que je dis publiquement mais anonymement, sur la gestion de l’humain déchiffrant mes phrases et qui ne me connaît pas, qui peut projeter par exemple ses propres sentiments sur les miens, sur les interactions entre vie privée et vie fantasmée « artistique » dans un cadre semi-professionnel.

    J’aime

  34. Je suis 300% d’ac avec Metalo !
    Je n’ai pas perdu de proche étant enceinte, mais j’ai perdu ma grand-mère quelques semaines après la naissance de mon deuxième. On était dans le même hopital, en même temps, pour des causes différentes. On a essayé de me « protéger » en évitant de m’en parler, de « protéger » mes enfants en leur cachant tout et en les empêchant d’aller à l’enterrement (ils sont trop petits). Ça m’a fait péter un plomb.
    J’ai donc envoyé tout le monde sur les roses, et j’ai tout dit à MA façon aux enfants, parce qu’ils sont pas abrutis et que moi j’avais assez souffert des tentavives de « protection » relatives aux pertes que j’ai vécu étant enfant.
    Je crois que j’ai bien fait. On a le droit d’être heureuse de sa récente maternité et triste de la perte en même temps. On a le droit d’être un enfant épanouï et heureux et de pleurer un être cher en même temps. On a le droit d’avoir des sentiments opposés et de les exprimer. Mes enfants on finalement bien vécu cette histoire et le grand parle de la mort sans tabou. Parfois il pleure encore cette arrière grand-mère, c’est violent et scandaleux, mais bref et sincère, et j’interdis à qui que ce soit de lui freiner ces sentiments qu’il a le droit d’exprimer. Il pleure aussi l’arrière-grand mère qu’il n’a pas connu, ça me démonte, mais ça me rend heureuse en même temps, c’est sa façon de l’intégrer dans sa vie. Un décès durant la grossesse, c’est un épisode dans l’histoire de la vie d’un enfant. Il a le droit d’avoir son épisode, et il a le droit d’être connecté aux sentiments de sa mère, y’a pas que les sentiments positifs qui comptent !
    Je te bisouille, si tu me le permets 😉

    J’aime

  35. Actuellement j’ai peur d’une seule chose. Que le grand-père de mon mari ne parte avant que mon fils ne vienne au monde. Il est depuis quelques semaines à l’hôpital perd totalement la boule, insulte les infirmières, a du mal a se mouvoir. Je sais que la seule chose qui serait bien pour lui c’est qu’il parte doucement, sans souffrir, mais en même temps j’aimerais qu’il « attende » un peu. Mais au final attendre pour quoi ? Le lendemain il ne se souviendra surement plus qu’on est passé ni qu’il est arrière grand-père pour la 3ème fois. Enfin je sais que c’est le souhait le plus cher de mon mari. La fierté de dire à son papy « Il s’appelle Samuel, Guillaume, Charles » Charles la tradition que l’ainé dans la famille s’appelle Charles…

    J’aime

  36. J’ai perdu une très bonne amie il y a 1 mois, d’un cancer long et douloureux. Et pourtant, la seule chose dont je me souvienne, ce ne sont pas la maladie, l’hôpital ou les médicaments qui trônaient partout autour d’elle. Je me souviens juste de sa façon de m’accueillir lorsque j’arrivais à l’hôpital. Sa façon dont ses yeux souriaient en me voyant et de ses paroles à chaque fois que je partais « ne t’inquiète pas pour moi, ça va! », accompagnés d’un sourire si intense que tu y croyais presque.. Les bons souvenirs sont aussi faits pour occulter les mauvais.

    J’aime

  37. Je pensais à toi, parce qu’une collègue est en train de perdre son mari de la même manière que vous perdez ton beau-père.
    Je pense à toi, à cause de ma soeur, la seule présente outre-atlantique, et qui ne pourra pas aller à l’enterrement d’un oncle, parce que son fils (à elle) doit naître très bientôt.
    Pas facile, de porter la vie quand, ailleurs, elle s’en va. Je reste marquée par une coïncidence: c’est à l’enterrement d’un cousin de K. que j’ai commencé à compter les jours « de retard » pour ma première grossesse.
    Mais je trouve très jolie la réponse de ton Légionnaire: tu es là.

    J’aime

  38. Mon beau-père nous a quitté soudainement l’an dernier, et bien que je n’étais pas enceinte à cette période, les mots de soutien ont été durs à trouver … Parce que mon Poux avait toujours eu des relations compliquées avec son père mais aussi parce que j’étais très touchée par ce départ, beaucoup plus que je ne l’aurais imaginé…
    Alors je suis restée silencieuse mais près de lui, nous avons resserré les rangs, soudés encore plus les liens familiaux pour faire face à ce triste départ…
    Ensuite, il y a la longue série des premières fois et si la douleur est moins vive, la tristesse et l’émotion sont au rendez-vous alors je pense que c’est une chance que tu portes un petit bonheur au creux de toi parce que vous allez avoir besoin de beaucoup de joies…
    Je suis désolée si mon commentaire est inadapté, ton billet m’a beaucoup touchée et je clique quand même sur valider mais tu peux le supprimer si tu préfères 🙂

    J’aime

  39. Je vais essayé de ne pas être maladroite alors…

    Mon homme a perdu une tante qui lui était très chère au mois d’août. Un accident de voiture. Pas du tout prévu. Nous, on devait aller à un concert ce samedi là. Un concert qui nous tenait à coeur. Pour des raisons que je ne te dirais pas, je ne pouvais pas l’accompagner, sinon je l’aurais fait bien sûr. J’étais prête à braver vents et marées pour y aller, mais il n’a pas voulu. Et il m’a dit droit dans les yeux que la seule chose qui lui ferait du bien, serait que je parte au concert et que je le représente auprès de tous les amis et du groupe qui nous attendait. J’y suis allée, j’ai offert sa place à une amie, et on a tous beaucoup pensé à lui. Je l’ai appelé lors de notre chanson préférée et je lui ai fait écouter, pour qu’il comprenne que j’étais là, qu’il ne me quittais pas d’une seconde.

    Aussi adroite sois-tu tu ne trouveras pas les mots exacts, les gestes parfaits, tout simplement parce qu’il n’y en a pas. Il n’y a pas de remède miracle pour retirer la douleur. Et pourtant Dieu sait qu’on en voudrait. Alors la présence, le soutien, l’amour et le temps sont les seuls remèdes possibles.

    J’aime

  40. Je suis toujours impressionnée par le fait que tu arrives à en parler. J’encaisse, je soutient et je crois bien que finalement je fais semblant d’ignorer la maladie. J’emmène mes enfants souvent voir leur grand-mère, parfois tellement souvent que ça m’empêche de respirer moi. Mais je lui amène la vie,et je me dis que la mienne peut attendre. Et je crois que si je refuse d’en parler, ce n’est que pour nier ce que je refuse toujours d’accepter mais qui se rapproche de plus en plus alors que cela fait sans doute partie du deuil. Mais on ne fait pas le deuil tant qu’il y a de la vie.

    On découvre nos failles dans la souffrance des autres. J’ai les miennes, qui m’échappent. Et je suis incapable d’aller à l’hôpital lorsqu’elle y est. C’est au dessus de mes forces, comme si je voulais continuer à nier. Enfin, j’y suis allée une seule fois et j’ai compris au retour le mutisme de mon mari. En effet, il n’y avait rien à dire. Juste, que c’est injuste.

    J’aime

  41. Je comprends tout à fait le paradoxe que tu peux vivre et ton sentiment d’impuissance.
    Comme tu l’as peut-être vu sur mon blog et/ou sur Twitter je viens de vivre dans mon entourage le décès d’un bébé … qui a quasi l’âge de ma fille. Ca m’a secouée plus que je ne l’aurais imaginer !

    J’aime

  42. je suis un peu sans mot à la lecture de ton billet
    je trouve que face à la mort d un proche on se retrouve un peu seul car chacun de nous gère différemment la façon de faire le deuil, ou de s y préparer.
    on peut s épauler en famille, mais au fond on doit trouver en soi comment surmonter ça, et comment aider les plus jeunes aussi .
    A la mort de mon frère adoptif je me suis un peu réfugiée dans la prière, dans une espèce d e méditation, j ai même eu à l époque des séances de discussion avec des témoins de Jehova !!
    pour ensuite prendre vraiment en pleine face ce décès qui me faisait souffrir, et finir par réagir un peu plus .
    Le temps m a aidé peu à peu à trouver la voie pour de nouveau sourire et rire sans culpabiliser, et ne garder de lui que le meilleur .
    20 ans après, comme j aimerais qu’ il ait pu atteindre mon âge actuel !!

    J’aime

  43. Bonjour LMJ , si tu savais la peine que j ‘ai eu en lisant ton article ce matin ….et je me decide enfin a te dire que maman aussi lorsqu ‘elle etait enceinte de ma grande soeur a vecu un tel drame.Son petit frere etait atteind d’un cancer a la tete et malheuresement il les a quitte 3 mois avant la naissance de ma soeur .Ca a ete aussi une tres grande souffrance et encore aujourd hui …..j’ai une tres grande pensee pour toi et ta famille pour cette dure epreuve.
    Bisous

    J’aime

  44. De mon côté c’est mà mère qui a vécu un drame similaire juste avant de m’avoir. Elle n’était pas encore enceinte mais mon grand-père est mort d’un cancer des poumons avant que je naisse. C’est une situation complètement différente de mon point de vue car je ne peux pas en dire plus sur comment ma mère l’a vécu.

    Je ne me souviens pas de tous les détails vu que ça s’est passé avant ma naissance et qu’il est toujours assez difficile d’en parler, que ce soit avec ma mère ou ma grand-mère, mais c’est vrai que ça m’a toujours fait bizarre de ne pas avoir pu le connaître, même petite, alors que mon frère a eu cette chance. Je sais relativement bien comment se sont passés ses dernières années après le diagnostic de son cancer (dialyses, traitements et autres), mais on n’a jamais vraiment parlé de comment ma famille l’a vécu.

    Pour ma part, j’aurais bien voulu qu’il puisse au moins savoir avant de partir qu’il allait avoir une petite fille. Mon frère l’a connu, même très petit (on a 2 ans de différence seulement), mais je ne sais pas s’il a un quelconque souvenir de mon grand-père. C’est peut-être bête mais j’ai l’impression d’avoir loupé le coche et de ne pas avoir pu me faire connaître auprès de lui alors que j’ai beaucoup entendu parlé de lui, vu des photos dans mon enfance et même encore (surtout quand ma grand-mère ressort les vieux albums).

    J’aime

  45. ok, j’ai voulu tout lire y compris les coms et je chiale alors que c’est l’heure de l’école là, tout de suite.
    J’ai retrouvé de belles phrases dans cette lecture, mais je ne peux y apporter ma pierre. Mon rapport avec la mort est très vague, lointain. Et présent car j’angoisse depuis que je suis mère… sentiment complexe pour moi, mais pas de vrais anecdotes.
    A la mort de ma grand mère, mon père m’a demandé pourquoi je ne pleurai pas. Je ne pleure pas parce que je vis encore et que mémé avait besoin de mourir.
    Il m’a traité d’égoiste, mais il n’a pas compris le fond de ma pensée…

    J’aime

    1. @Cranemou : A la mort de mon oncle j’ai tant pleuré et pourtant il « avait besoin de mourir ».
      A son enterement nous lui avons rendu un hommage « ludique » surires mélées de larmes… Je comprend ta réaction qui n’a selon moi rien d’égoiste.
      @LMJ : être là c’est beaucoup…

      J’aime

  46. Je n’ai pas de beau père 😉 ah ah j’espère t’avoir au minimum surprise avec mon comm voire… Sourire ?
    Pas de compassion promis (pas écrite) mais des bisous je peux ?

    J’aime

  47. De la compassion, du « souffrir avec » éthymologique, on peut simplement t’en donner pour avoir vécu, traversé, surmonté aussi le même voyage.
    De loin que je suis, et proche tout à la fois, j’ai lu avec beaucoup d’attention, de tristesse aussi ce billet, reste juste là, une simple présence est souvent bien plus riche, et plus bénéfique que des mots vains.

    J’aime

  48. Je t’avais déjà dit mon ressenti sur un article que tu as écrit sur le même sujet…
    Je constate que c’est toujours aussi dur pour toi, tu dois donc faire avec et l’important à mes yeux et ta relation à toi avec ton légionnaire, tes enfants… être là pour lui oui c’est déjà beaucoup…
    Mon vécu je t’en ai déjà parlé, j’ai accompagné ma grand-mère presque jusqu’à la fin, j’étais là quand elle n’arrivait plus à bouger chez elle et qu’il a fallu la mettre à l’hôpital… j’étais plus ou moins là comme j’ai pu quand ma mère est morte à 500km et que j’étais enceinte de ma fille… j’ai fait ce que j’ai pu, ça aurait pu être plus mais c’est comme ça (j’ai des regrets mais en même temps c’était pas ma belle-mère…) et j’étais là pour mon homme quand sa mère est morte et que ma fille avait 6 mois… à chaque fois quand même j’avais en tête l’enfant à naître et l’enfant à materner… des priorités, des choix appelle ça comme tu veux…

    J’aime

  49. Moi je suis (si c’est bien ça que tu demande) pour que tu parles de l’effet que tu ressent entre porter la vie et connaitre une perte…Je n’est jamais prêté attention à cette aspect de la grossesse (ce que les femmes pouvait ressentir en ayant la vie) mais plutôt juste ce qu’une perte peut engendrer sur le psychisme des personnes et donc pour la femme enceinte sur son enfant. donc ça m’intéresserai beaucoup…

    Pour « l’annonce » (en parler avec les enfants) les « grands » peuvent comprendre, je pense qu’on peut expliquer ce qu’est la maladie et les préparer. Pour les plus petits leur dire que qqun est malade est une chose qu’ils peuvent comprendre mais qui ne vont pas lié au mot « perte, décès, mort… » on dit souvent qu’il ne faut pas dire aux petits que qqun (ou autre) est mort car on pense que c’est un mot « dur ». Mais il faut savoir que pour eux ça ne signifie pas la même chose, c’est un mot qu’on utilise rarement et donc qu’il ne comprenne pas. Ne pas se culpabiliser ou chercher 36000 mots pour ne pas dire mort…on a le droit de ‘utiliser et s’il est dur pour nous il ne l’ai pas pour eux. Il faut simplement expliquer ce que ça signifie (on ne le reverra plus, partie au paradis (selon croyance évidemment) etc…)

    Je ne sais pas si ça va t’apporter ou non quelque chose ou si qqun t’as fais de bonnes suggestions (pas pris le temps de lire les +de5commentaires… :s)

    En tout cas plutôt intrigué par cet effet de porter la vie en ayant un bouleversement tel que la maladie et la perte d’un être cher… si tu veux en parler…

    J’aime

    1. Je peux te répondre Elise, pas de problème. Ce que je vais te dire n’engage que moi. Il s’agit de mon ressenti, de ma situation personnelle.

      Bon déjà, il a été évoqué dans plusieurs commentaires le fait de se préoccuper du retentissement de ses émotions sur le foetus. Pour ma part, ça ne me traumatise pas du tout comme je me sens à l’aise avec mes enfants pour affronter la maladie et le décès. Je crois n’avoir absolument pas peur de gérer ça avec mes enfants et je suis naturelle.

      En revanche, j’ai eu tout le mois de décembre des pensées morbides qui m’empêchaient d’apprécier complètement ma grossesse. Il faut dire aussi que j’ai appris bon nombre de décès en quelques mois. Quand tu es enceinte, c’est bien une chose que tu aimerais occulter, je crois… Tu voudrais vivre dans une bulle parce que tu construis la vie. Ce qui vient bouger cette bulle t’agresse plus que de coutume. Tu aimerais que la mort ne fasse plus partie du cycle de la vie pendant ces 9 mois.

      Drôle de sentiment que d’avoir un être qui va remplacer un autre qui s’éteint. Comme dit dans mon billet, même si les deux sont liés, mon bébé doit être là pour lui-même. Cela dit, je crois qu’il nous aide tous beaucoup à franchir ce cap actuel difficile. C’est un espoir, c’est une promesse de vie. Et c’est peut-être pour ça aussi que par moment j’ai des bouffées d’angoisse en ayant peur de le perdre (ou de perdre un membre de ma troupe). Je réalise simultanément et je vis une vie qui se déconstruit et une vie qui se construit. C’est comme s’il y avait un relai.

      Là, ce qui est pénible, c’est de ne pas pouvoir me déplacer trop alors que mes beaux-parents sont loin. Je ne peux pas me permettre, dans l’intérêt de mon bébé, de faire autant de route. Et pourtant, dans mon intérêt, j’aurais besoin d’y aller parce que je vis mal de ne pas pouvoir être présente physiquement ne serait-ce qu’un minimum. Je me situe donc dans une forme de contradiction entre ce qui se passe dans mon corps et ce qui se passe dans ma tête, entre un foetus pas autonome qui a besoin de moi et moi qui pense en priorité à mon foetus. Cette vie future m’aide à me projeter et parallèlement m’empêche d’agir dans le présent.

      J’aime

  50. Bonjour. C’est la première fois que je vais poster sur ton blog, que je lis pourtant avec assiduité depuis pas mal de mois maintenant.
    Je n’ai pas lu les autres commentaires, je vais seulement essayer de te donner un petit aperçu de ce que j’ai vécu. J’ai perdu mon papa d’un cancer peu de temps après avoir rencontré mon chéri. Je ne vais pas parler de la période qui a suivie. Elle a été plus ou moins bien vécue par chacun, chacun à sa façon.
    Et puis 3 ans plus tard, j’ai eu mon fils, suivi par sa petite soeur après 22 mois. Ils ont maintenant 2ans et demi et 4 ans et demi. Et je leur parle régulièrement de ce papinou trop tôt décédé, qu’ils n’ont jamais connu « pour de vrai ».
    Parce qu’il me semble important, bien qu’il ne soit plus en vie, de parler de lui à mes enfants, car il fait partie de notre vie. Je ne les bassine pas avec çà, je n’en parle pas tous les jours, mais quand ils abordent la question spontanément, on en discute, on prend le temps. Ils aiment beaucoup regarder des photos de lui, et j’en profite pour leur raconter des anecdotes sur ma famille, ou sur celle de mon mari.
    Je leur ai expliqué qu’il avait eu une maladie que les docteurs n’ont pas pu soigner. Je ne leur cache pas qu’ils nous manque, ce qui leur permet d’exprimer leur manque également. Nous sommes allés plusieurs fois sur sa tombe. Cà leur a permis de poser pas mal de questions sur la mort, mais aussi sur la vie, puisque les deux sont indissociables.
    Par contre, je n’apprécie pas la réaction de certaines personnes de mon entourage, qui trouvent malsain de leur parler de la mort à cet âge. Ils me disent parfois que je ne devrait pas leur expliquer que leur grand-père est mort. D’autres trouvent que je ne suis pas « assez » triste quand j’en parle, que çà fausse le rapport de mes enfants à la mort…
    Je les laisse parler. Pour moi, la mort n’est que la suite logique de la vie. Les deux sont forcément liées, et il me semble plus sain de leur expliquer çà, à leur niveau de compréhension, plutôt que de leur dire qu’il est parti, par exemple.
    Tout çà pour dire que l’important, ce n’est pas d’éviter de craquer, ce n’est pas de cacher ses larmes, mais d’exprimer ce qu’on ressent, et de l’expliquer aux enfants. Et il me semble que tu le fais déjà à travers les posts que tu peux mettre.
    Et pour en revenir à ton légionnaire, qui t’a dit que ta présence lui était d’un grand réconfort, je le comprend tout à fait. Mon chéri, à l’époque, ne savait pas trop comment me « soutenir ». Il avait peur de ne pas savoir s’y prendre, de ne pas dire ce qu’il fallait. Mais le simple fait qu’il ait été là, avec moi, pour traverser tout çà, c’était la plus belle preuve de son amour, et c’est en partie parce qu’on a traversé çà ensemble que nous sommes si soudés maintenant.

    J’aime

  51. C’est l’infernal cycle de la vie que tu évoques, qui n’en finit pas de se terminer par la mort. Maladie, vieillesse ou mort brutale, c’est toujours tellement difficile à encaisser. J’ai cotôyé la mort de près, et jeune, trop jeune (une mort brutale, de mon cousin adolescent qui était à peine plus vieux que moi et qui a été suivie de près par la mort de mes grands-parents, qui se sont ligués pour tous mourir dans un laps de temps trop rapproché à mon goût). Je ne peux te dire qu’une chose, j’ai trop souffert de l’apparente « force » de mes parents, qui ne voulaient que nous protéger de la douleur qu’il ressentaient. Je crois que j’aurais aimé qu’ils manifestent cette douleur parce que ça m’aurait tellement aidé à exprimer la mienne et à me jeter dans leurs bras pour pleurer. Sans compassion, mais avec amitié, je pense à vous, à cette ambiance sûrement étrange au QG, et ta présence auprès du légio et des recrues est sans aucun doute précieuse dans ces moments-là, mais ne te mets pas trop la pression. Des bises.

    J’aime

  52. Le jour où Lucie est née, mon oncle a perdu sa Maman. Elle était vieille et depuis longtemps en mauvaise santé. Ce ne fut pas une surprise. La Mort, on a beau s’y préparer, on ne s’y habitue jamais. Elle fait mal.
    Mais toi, tu portes la vie. Dans ton ventre, subsiste une partie, ne serait-ce qu’infime de l’ADN de ce Monsieur. Continues de bien couver ton bébé Mère Joie, c’est ce que tu peux faire de mieux.

    J’aime

  53. J’ai perdu mon père 6 jours après avoir fait une fausse couche et 3 semaines avant de retomber enceinte, les pôles de la vie et de la mort j’en ai bien eu conscience à ce moment-là… mon mari n’a pas su gérer mon besoin de compassion, oui je voulais qu’il puisse me dire que je souffrais et que c’était dur, qu’il accompagne ma peine avec mes mots, qu’il me montre qu’il comprenait ce que je vivais – il n’y avait rien d’autre à faire, ce n’était pas son père qui mourait, je voulais juste voir dans ses yeux qu’il mesurait cette épreuve que je traversais. Il n’a pas été capable de me donner ce que j’attendais, je n’ai pas compris et je n’ai pas pardonné.
    Si ça peut te servir…

    J’aime

  54. Dur de se lancer sur ce sujet qui remue plein de choses… j’ai beaucoup aimé le commentaire de Menthalo quand elle dit que les évènements sont parallèles mais ont chacun leur parcours singulier… c’est vrai qu’il ne faut pas forcément chercher une signification à ce téléscopage.
    Pourtant la grossesse comme le deuil sont 2 évènements qui requièrent beaucoup d’énergie psychique, et il est difficile de vivre les 2 « à fond » en même temps… j’ai perdu ma grand-mère pendant ma deuxième grossesse et c’est ce que j’ai ressenti.
    je t’embrasse

    J’aime

  55. Juste pour te remercier de m’avoir répondu! C’est très intéressante en tout cas… un parallèle qui m’intrigue beaucoup car je n’ai encore jamais été enceinte. N’hésite pas à en reparler si tu veux, moi en tout cas jte lirais! 😉

    J’aime

  56. J’apprécie ta vision des choses, la façon dont tu gères tout ça avec le blog et la « Réalité ».
    Tu as trouvé le juste milieu entre les deux sphères alors que c’est, sans doute, ce qu’il y a de plus difficile. Surtout avec ton audimat.
    Je suis admirative et respecterai ton souhait de « non-complaisance » (même si mes pensées se tournent vers vous, indiscutablement).

    J’aime

  57. je suis ton blog depuis quelques mois, et j’aime le ton de tes articles. Tu me fais rire, et j’apprécie ton clan, qui ressemblera bientôt un peu au mien (3 loupiots à la maison).
    Ton article du 14 janvier prend un sens tout particulièrement important pour moi, parce que c’est ce jour que mon frère est parti, malade, emporté par le cancer à 43 ans.
    Alors je peux te dire, que oui, ta présence suffit, savoir que les gens qu’on aime sont là et comprennent notre souffrance, c’est déjà immense.
    tu as raison de ne pas faire de la mort et du cancer un tabou. Je ne déteste rien plus que les mots « longue maladie » qui ne veulent rien dire. Mon frère s’est battu contre son cancer avec le plus grand des courage (parfois plus que moi!), mais c’est le cancer qui a gagné. Quand le diagnostic a été posé pour la 1ere fois, j’étais enceinte de mon 3ème enfant, sa chimio a pris fin le mois où mon fils, son filleul est né.
    Et il part le jour où tu souffres toi aussi.
    Je me sens encore plus proche de toi alors que je ne te connais pas.
    Je t’embrasse bien fort

    J’aime

Laisser un commentaire