Connaître sa date d’accouchement

« Alors, qu’est-ce que ça fait ??? »

Ce matin, je peux dire ce que ça fait par exemple d’avoir des nausées de fin de grossesse avec l’impression que tu vas dégobiller ton alien et qu’on t’arrache les tripes avec une hache. (NDLR : Si j’ai ça encore pendant cinq semaines tous les jours, je vais pleurer et toi tu vas en entendre parler)

Mais je crois que ce n’est pas ce que le lectorat attend. Parce que hommes, femmes et poules se documentant sur la ponte humaine n’ont aucune pitié pour mes viscères abdominaux.

Avoir une date d’accouchement programmée, moi qui suis plutôt penchée sur le naturel, les pâquerettes dans les cheveux et l’économie de PQ par l’utilisation de feuilles de vigne, ça m’emballait pas des masses dans le sens où le majeur crotteux de Dieu ne serait pas le grand décideur de la mise au monde pourri de ma progéniture « Toi, foetus, ton heure est venue de sortir la tête de l’eau et de la baigner désormais dans la Méditerranée aux vacances de juillet ! ». Dieu a toujours des arguments que tu peux pas refuser comme « Tu seras malheureux sur terre mais un jour tu seras aviateur et tu seras heureux au ciel. Enfin, si tu as un oncle riche pour te payer des leçons de pilotage bien évidemment… ».

Oui, c’est un peu étrange de décider  comme ça d’un jour aussi important, plus important que le jour où je me suis pris un râteau dans la gueule par le petit Raymond, jardinier des coeurs, dans un fauteuil en cuir en écoutant du jazz face au chir au pif de pochtron.

« Ah ben le mercredi ce serait mieux parce que mon Légionnaire il travaille pas et comme ça il aurait pas besoin de prendre ses trois jours de suite de suite pour assister à l’accouchement. Pis les enfants, ils vont pas à l’école l’après-midi et ils louperont pas les cours. Mais surtout, on pourrait décaler les trois jours du Légio ! »

A quoi ça tient la vie d’un Homme…

Passé cet aspect peu glorieux et peu bucolique, t’es encore plus contente de définir un jour pour des raisons encore moins héroïques comme le fait que ta zézette de midinette, maintenant tu y es autant attachée que Momo le Morbac. Certes ta carrière dans le porno est foutue avec ta balafre d’Albator sillonnant sur douze centimètres ton mont de Vénus mais t’as la beauté intérieure du vagin d’une Sylvride et ça, ça n’a pas de prix. Bon, rien ne dit que la Sylvidre, à son troisième mioche, elle se baladait encore à poil au lieu de foutre une culotte avec une Tena dedans (car zézette de jeune fille ou non, quand la CAF te versera plein de blé – que c’est pour ça que t’as réitéré l’expérience de la fécondité – et quand tu pourras prétendre à ta carte de famille nombreuse 5 % de réduc sur ton aller simple pour Nowhere, toi aussi tu fuiras. Dixième commandement de la femme enceinte.)… Tu kiffes d’avoir ce chiffre 23 qui clignote devant tes yeux le soir lorsque tu te dévêtis et sens la pisse rance : ça t’aide à passer le cap.

Franchement, j’aime.

J’aime savoir que je ne vais pas encore souffrir pendant des heures pour que dalle en m’inquiétant si je vais crever, putain j’ai maaaaaaaaaaal ! Elle est où Camille pour prendre ma douleur ???!!! mon bébé va bien. J’aime que tout sera réalisé dans le calme et que le chirurgien y sera pas énervé et il tremblera pas parce qu’il aura eu le temps de boire son petit godet tranquillou avant de m’opérer. J’aime que mon Légionnaire m’emmène au restau la veille au soir pendant que les gosses seront placés (dans leur intérêt. Ils aiment pas les ravioles aux écrevisses, ces cons !). J’aime car c’est tout clair dans ma tête et que le délire « J’ai pas accouché par voie basse, je me suis sentie violée de l’utérus. On m’a volé mon accouchement ! », bah moi ça fait belle lurette que j’ai capté qu’on m’avait plutôt volé ma mort et celle de mes enfants (NDLR : sinon, je peux aussi te raconter comment on peut vivre une agression sexuelle, une vraie)… Et là, on va en plus sauver mon organisation de maniaque !

Du moins, ça reste théorique ; le doigt crotteux de Dieu étant parfois très farceur, qui sait si la Nouvelle Recrue attendra d’être bélier ascendant veau pour pointer ses petites cornes.